
ANNAPURNA UPANISHAD - VERSETS 5.102 et 5.103
«La servitude humaine découle des constructions mentales : abandonne-les ! La libération découle de l’absence de constructions mentales : réalise-là intelligemment.»
«Au milieu d’objets qui entrent en contact avec tes organes sensoriels, sois vigilant, évite perpétuellement et systématiquement toute construction mentale à leur propos.»
En amont de la grande majorité de nos souffrances résident diverses constructions mentales. Un ensemble de routines cognitives régi par notre moi construit. Celui-ci est conditionné, entre autres, par notre éducation, nos expériences personnelles, notre environnement social et culturel. Ces éléments constituent le coeur de notre personnalité avec laquelle nous allons durant toute notre vie interagir avec le monde par le biais de mécanismes d’habitudes et d’automatismes. Chaque pensée, chaque émotion, chaque action, obéira ainsi à un schéma comportemental bien établi. Ce qui encouragera le moi construit à appréhender les expériences de la vie selon deux manières : soit en traquant sans relâche celles estimées comme positives, soit en fuyant à tout prix celles considérées comme négatives. Ce principe de sélection est si bien rodé, que malgré son omniprésence, il est quasiment imperceptible pour l’être à l’esprit non-initié par un travail rigoureux de développement personnel ou spirituel. Conséquence, au lieu d’aborder librement chaque instant de l’existence avec spontanéité, fraîcheur, et dénué de tout à priori, l’individu ordinaire évolue dans une recherche constante et viscérale de plaisirs matériels et sensoriels à satisfaire. Quand ceux-ci sont honorés, son moi construit est comblé. Dans le cas contraire, il ne ressent que souffrance et frustration. Cette perception de la vie crée indéniablement notre servitude à l’égard du monde phénoménal. Or, celui qui s’est reconnecté avec sa Pure Conscience par l’intermédiaire d’un apprentissage spirituel approprié n’agit plus avec un fonctionnement mental et émotionnel aussi pernicieux. Conscient des enjeux illusoires que représentent les objets sensoriels, le sage évolue dans la vie libre de tout attachement. Doté d’un esprit purifié, de sens maîtrisés et d’une vision claire, il ne conditionne et ne conditionnera plus jamais son bien-être avec les phénomènes matériels dont il en connaît clairement la vacuité et l’impermanence absolues.