
ANNAPURNA UPANISHAD - 2.44
«La pluralité existe à travers les diverses fantaisies de l’imagination, mais non dans la Réalité, du moins au plan intérieur, de même qu’on ne trouve rien que de l’eau dans un lac. Si un homme est empli de cette seule certitude, alors on dit qu’il est libéré. Il est celui qui perçoit le Réel.»
Étant différencié des autres par les contours de son corps, par sa personnalité, par la nature de ses actions, l’esprit de l’individu ordinaire appréhende l’existence avec une vision qui le sépare du reste du monde. Consciemment et inconsciemment, il tient comme une conviction intime et profonde cette fausse notion d’individualité. Ce qui l’amène à envisager la vie avec un certain degré de narcissisme et à developper en lui tout un ensemble de préjugés avilissants vis-à-vis de ses congénères. Les particularités physiques, religieuses, culturelles et intellectuelles, érigées tels des remparts entre lui-même et autrui, exacerbent ainsi son rejet des différences et amenuisent de manière considérable ses qualités empathiques. Or, celui qui a renoué avec l’Esprit universel et atteint un haut niveau de sagesse possède la sublime connaissance de l’indivisibilité du monde. Il sait que tous les organismes vivants forment un tout et que l’univers est fondamentalement un et indivisible. De la même manière que toutes les vagues, quelles que soient leur taille ou leur forme, appartiennent au même océan. Que les appareils électriques, aussi variés soient-ils, sont alimentés par la même électricité. Ainsi, pour l’être éveillé, tous les organismes vivants sur terre sont eux aussi animés par un même courant dynamique, par la même énergie cosmique, par l’unique Intelligence suprême et universelle. Libéré des illusions particularisantes, le sage ne fait plus aucune différence entre tous les êtres. Il porte le même regard sur l’érudit que sur le misérable, sur son enfant que sur celui de son voisin, sur le catholique que sur le musulman. Pour lui, quels que soient les êtres, toutes et tous sont affiliés à la même Pure Conscience. Il ne perçoit plus les insignifiantes différences extérieures, mais distingue seulement la Réalité intérieure semblable à chacun et chacune.