
ANNPURNA UPANISHAD 4-63
«Il se tient debout, marche, touche, sent… Néanmoins, le sage éveillé à la pleine intelligence, libre de tout attachement opiniâtre, se débarrasse des plaisirs fluctuants et des connaissances partielles ; il demeure dans la paix.»
Bien que capable de rétraction volontaire de ses sens, le sage n’en est pas pour autant dépourvu. Comme tout à chacun, il voit, entend, sent, goûte, touche. Biologiquement, il est perméable aux stimuli comme n’importe quelle personne. Cependant, sa condition d’être éveillé, fruit d’un travail spirituel rigoureux, a restauré en lui la vision pure et authentique qui était la sienne durant les premiers mois de sa vie quand ne régnait encore qu’insouciance et joie de vivre. Bien avant qui'il devienne un enfant puis un adulte au fonctionnement délétère causé par son abdication face aux règles du monde phénoménal. Ce même monde au sein duquel les sociétés ont finement réussi à organiser un asservissement généralisé par la dictature d’une consommation aliénante où la grande majorité des hommes et des femmes idolâtre le matériel avec la croyance illusoire de pouvoir y trouver une once de bonheur véritable. Ce qui est un leurre. Au contraire, la dépendance entretenue à l’égard des objets et des distractions sensorielles ne fait que creuser encore plus profondément le canal de la souffrance. Par la reconnexion à sa nature spirituelle et l’intermédiaire de son sens aiguisé du discernement, la sage n’est quant à lui plus du tout affecté par ce tourbillon incessant des attachements matériels. Il possède l’ultime connaissance qui lui permet d’avoir conscience que le bonheur ne peut nullement trouver de repos dans l’impermanence des choses et des situations, et s’en remet par conséquent, pleinement à sa condition de libéré-vivant, là où ne règne que quiétude et contentement continuels.