
KATHA UPANISHAD – VERSET 1.2.2
«Le bien et l’agréable vont à la rencontre de tout homme.
L’intelligent les examine et les évalue avec discrimination.
Certes, l’intelligent opte pour le bien, tandis que l’ignorant
sélectionne tout de suite l’agréable, en vertu de la cupidité
qui pousse à saisir tout ce qu’on ne possède pas, et de l’avarice
qui pousse à préserver ce qui est déjà e notre possession.»
À chaque instant de la vie, les hommes et les femmes sont amenés à faire des choix. Parfois pour des choses futiles, parfois pour des affaires plus importantes. Mais dans tous les cas de figure, il s’agit bien souvent d’être confronté à devoir choisir entre ce qui est bien ou ce qui est agréable. En somme, entre ce qui correspond d’un côté, à une existence faite de sérénité, d’élévation et de sagesse. Et de l’autre, à ce qui relève de l’agitation mentale, de la satisfaction des désirs égoïques et de la jouissance des plaisirs purement sensoriels.
Celui qui opte pour la voie du bien à d’ores et déjà compris que l'éveil était le véritable but de la vie et à ainsi pris conscience de la vacuité et de la fragilité d’une existence centrée uniquement sur les phénomènes matériels et sensoriels. Par le passé, il a à maintes reprises fait l’expérience de la souffrance émotionnelle que cause le jeu du mental à l'égard des paires d’opposés (gains/pertes, victoires/échecs, santé/maladie, louanges/critiques, plaisir/douleur, etc) et a conclu avec discernement qu’une vie soufflant continuellement le chaud et le froid n’était ni souhaitable, ni à la hauteur d’une espèce aussi évoluée qu'est celle des êtres humains. Aussi, l'aspirant spirituel souhaite donc plus que tout mener une vie inspirée par la sagesse et la connaissance afin d'évoluer avec sérénité sur le chemin qui conduira inévitablement à la réalisation intérieure.
Pour l’individu non-éveillé, celui-ci préfère obéir aveuglément aux diktats de ses pulsions primaires que représentent des sentiments tels que l’avidité, la cupidité et l’individualisme. Son but le plus précieux repose sur le désir de traverser l’existence en amassant le plus de biens matériels, quitte à commettre des actes rabaissants ou à endurer douloureusement des situations très inconfortables sur le plan psychique et affectif. Persévérant dans cette voie, il imagine avec une certaine crédulité qu’en accolant bout à bout des petits moments de plaisirs éphémères, il parviendra un jour ou l'autre à accéder au bonheur suprême. Sauf qu’au bout du compte, la fin de l’histoire demeure toujours la même : celle d'un dénouement imprégné de frustration et de désespoir. Que ce soit les objets, les relations amoureuses, les situations professionnelles ou les positions sociales, toutes ces choses auxquelles l’individu non-éveillé est relié avec dépendance et auxquelles il conditionne son bien-être, finissent toujours par le lasser ou disparaître contre son gré en le plongeant immanquablement dans des abysses de souffrances et de chagrin. Chaque apparition d’un phénomène apporte le sourire, chaque disparition son lot de tristesse. Ainsi, est la vie de ceux qui empruntent malheureusement la voie de l’agréable.